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Dunkerque innove pour une meilleure qualité de l’air

Dix ans pour améliorer la qualité de l’air respiré par 200 000 personnes sur 17 villes du territoire dunkerquois. Un objectif que s’est fixé la communauté urbaine de Dunkerque en plaçant ce sujet au centre de son projet de transformation. Parmi les actions prévues : la mise en place d’une surveillance accrue de la qualité de l’air, quasiment en temps réel et à une échelle très fine, une meilleure information des citoyens, et la captation des polluants à la sortie des cheminées d’usines.
Dunkerque, ville industrielle et ville portuaire qui rayonne dans toute l’Europe. Une ville dont on pourrait dire pour la présenter qu’il s’agit du 3e port de France, de la plus grande plateforme énergétique européenne, de l’une des plus grandes zones industrielles françaises (avec de la métallurgie, sidérurgie, chimie...), et du territoire le plus fortement émetteur de CO2 en France où, chaque année, les habitants subissent une trentaine de pics de pollution.

Mais Dunkerque, c’est aussi un territoire qui a à cœur de se transformer en innovant pour concilier économie et écologie, emplois et santé, et où, d’ici à 2027, l’objectif est de passer de 17 pics de pollution par an à 0. Dans son projet « Dunkerque, l’énergie créative », arrivé 3e dans le cadre de l’appel d’offres Territoires d’innovation lancé par l’Etat, la communauté urbaine s’est fixé 4 axes de transformation dont la qualité de l’air et la transition énergétique ; avec comme fil conducteur une meilleure qualité de vie pour ses habitants.

La qualité de l’air est à la croisée de nombreux enjeux majeurs qui interagissent entre eux : la mobilité urbaine, le transport de marchandises par voie maritime ou routière, l’aménagement du territoire (le choix de l’emplacement de nouvelles industries par exemple pour éviter que la pollution émise ne soit « rabattue » par le vent vers les lieux d’habitation), les méthodes de production industrielle et agricole, la transition énergétique ou encore le développement de l’économie circulaire qui, en créant des boucles vertueuses de production, peut contribuer à limiter la pollution de l’air.

L’innovation du projet Dunkerque, l’énergie créative se retrouve également dans la méthode : mettre autour de la table toutes les parties prenantes dans un mode collaboratif avec une gouvernance par tous, de la collectivité aux industriels, dont SUEZ, en passant par les associations, organismes de santé, Université et citoyens.

Dans l’échelle : la communauté de communes des Hauts-de-Flandre s’est associée au projet et ce sont au total 253 000 habitants qui bénéficieront des améliorations qui vont en découler. Déjà en 2018, la communauté urbaine de Dunkerque était devenue la plus grande agglomération européenne à avoir mis en place la gratuité des transports publics avec 17 villes concernées.

Dans la volonté de documenter la qualité de l’air, de façon précise et neutre, et de mieux informer le public. Ce sera notamment le rôle de l’Observatoire local de la santé qui va chercher à évaluer, par le biais d’études scientifiques, l’impact sanitaire de la qualité de l’air sur les habitants, la faune et la flore locales en corrélant par exemple le type de polluants présents dans l’air et certaines pathologies. L’objectif est d’évaluer le degré de nocivité des polluants sur la santé publique pour ensuite améliorer les actions de traitement. L’Observatoire va aussi travailler au développement de nouveaux indicateurs, comme des « bio-indicateurs par les abeilles ou les lichens », explique Sandrine Babonneau, référente urbanisme et santé à l’AGUR et coordinatrice de l’Observatoire Local de Santé.

« Les habitants pourront disposer d’une information à l’échelle d’un numéro de rue et quasiment en temps réel »

dunkerque parapluie paragraph 2SUEZ a été associé au démarrage du projet et pilote le groupe de travail sur la qualité de l’air. Le Groupe va mettre en place un système de surveillance de la qualité de l’air qui servira d’outil d’aide à la décision par les acteurs publics locaux et permettra aux citoyens d’avoir plus d’informations sur l’air qu’ils respirent. Comme l’explique Nicolas Prego, Directeur technique Smart & Sustainable Cities chez SUEZ : « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’inconnues. La plupart des polluants sont souvent invisibles pour la population. On manque de chiffres précis sur la quantité de polluants respirés à quel endroit de la ville et à quelle heure. Le degré de précision est de l’ordre du km et deux cartes sont disponibles par jour. Demain, les habitants pourront disposer d’une information à l’échelle d’un numéro de rue et quasiment en temps réel. De son côté la puissance publique pourra, à l’image d’un pilote d’avion qui a besoin d’un tableau de bord pour agir, disposer d’une carte lui permettant de piloter ce sujet et de prendre des décisions. »

Pour un commerçant situé dans le centre de la ville, près de la place Jean Bart, « la pollution de l’air à Dunkerque, on ne la sent pas ; un peu comme à Paris où, quand on y vit, on sent les gaz d’échappement, mais on y est habitué. » Pour une autre, cette information sera précieuse : « J’aimerais être mieux informée sur la qualité de l’air car j’ai un fils asthmatique. Aujourd’hui, je regarde les panneaux de la ville et quand je vois que la qualité de l’air est mauvaise, j’évite de sortir si je le peux. »

Pour Bernard Weisbecker, Président de l’Agence d’Urbanisme de la région Flandre Dunkerque, « ce n’est pas seulement l’application de nouveaux procédés qui compte, mais aussi la confiance qu’a le public dans les données qui lui sont communiquées sur la qualité de l'air. Il faut être très transparent vis-à-vis du public. Nous sommes d’ailleurs en train de chercher de nouvelles méthodes pour communiquer au plus près des gens. »


Traiter l’air à la sortie des cheminées d’usines

SUEZ apportera des solutions concrètes pour créer des "bulles d'air pur" notamment dans les lieux publics sensibles, comme les EHPAD ou les écoles, à l'image de ce qui est fait dans la cour de récréation d'une école élémentaire de Poissy (78). Le Groupe va également travailler à l’élaboration de technologies de traitement de l’air pour laver les fumées d'usines, capter certains composants, comme les composants organiques volatiles, les séparer et les traiter. Ces innovations, expérimentées et validées à Dunkerque, pourront par la suite être duplicables sur d’autres territoires.

Par ailleurs, tous les nouveaux projets menés à Dunkerque seront examinés au regard de leur impact positif sur la qualité de l'air, que ce soit par exemple en matière d'écologie industrielle : 80% des entreprises industrielles du territoire devront être engagées dans un projet d’économie circulaire d'ici à 2030 ; mais aussi en matière d'urbanisme comme l'explique Bernard Weisbecker.
Franck Hélias, Délégué général du MEDEF Côte d’Opale, estime d’ailleurs que la qualité de l’air « peut devenir un vecteur de croissance économique si nous développons une expertise qui bénéficiera à nos villes bien sûr et pourra s’exporter ailleurs dans le monde. Ce sujet touche tous les pays. Si nous pouvons être inspirants pour d’autres territoires, ce sera bénéfique à toutes les parties prenantes. »

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