Mobiliser de nouvelles ressources en eau pour faire face à la sécheresse
Pour faire face à cet épuisement, la priorité est de consommer avec sobriété et de préserver les ressources en eau douce de qualité. Les efforts de sobriété peuvent être réalisés par tous les usagers pour maîtriser leur consommation, domestiques, publics, industriels, agricoles… La gestion des ressources est aussi une démarche à acteurs multiples, qui nécessite d’instrumenter et de piloter pour éviter, même en cas de pénurie, de déséquilibrer durablement les écosystèmes et les ressources en eau douce, que ce soit en quantité ou en qualité.
Ces efforts de sobriété et de bonne gestion ne sont pas toujours suffisants pour éviter la pénurie et les conflits d’usages. Il devient alors nécessaire de mobiliser des eaux douces non conventionnelles ou l’eau de mer qui constituent de nouvelles ressources de substitution.
Nous réutilisons les eaux usées traitées des stations d’épuration municipales ou industrielles grâce au développement de traitements complémentaires adaptés aux usages qui sont visés. En premier lieu, pour préserver les ressources traditionnelles en eau, nous les substituons par des eaux usées traitées pour des usages qui ne nécessitent pas la qualité de l’eau potable : par exemple pour l’arrosage d’espaces verts, pour l’irrigation en agriculture, pour des lavages de voiries ou d’équipements…
La mobilisation d’eaux douces non conventionnelles nécessite en général la mise en œuvre d’ouvrages et de réseaux dédiés. Dans certains pays, comme la Namibie ou certains états des Etats-Unis, la pénurie d’eau amène à adopter un cycle de l’eau totalement circulaire, dans lequel les eaux usées traitées subissent un traitement suffisamment poussé pour être réutilisées en eau potable.
A l’échelle de la parcelle ou de la ville, on peut aussi réutiliser les eaux grises ou les eaux pluviales.
Enfin, en dernier recours, nous produisons aussi de l’eau potable en dessalant l’eau de mer. Des pays arides comme ceux du golfe Persique, l’Australie ou Israël ont massivement adopté le dessalement. L’Espagne et l’Italie construisent également de nombreuses usines de dessalement, à partir d’eau de mer ou d’eau saumâtre, moins salée. Pour dessaler, nous utilisons depuis plusieurs décennies l’osmose inverse. Nos développements et nos programmes de recherche permettent de limiter les consommations énergétiques, d’associer les usines de dessalement à la production d’énergie renouvelable, et de maîtriser l’impact des rejets en mer, et de recycler une partie de ces rejets. Le dessalement offre donc une alternative maîtrisée et robuste pour produire de l’eau potable, qui peut ainsi être acheminée par les infrastructures existantes d’adduction et de distribution d’eau potable (réservoirs, réseaux…), ou de l’eau douce pour l’industrie.
Nos histoires inspirantes
Réutiliser les eaux usées traitées pour diminuer les sollicitations des ressources en eau : l’exemple des Fermes de Gally dans la plaine de Versailles (France)
Plutôt que de renvoyer les eaux usées traitées au milieu naturel, nous leur donnons une deuxième vie pour des usages aussi variés que l’irrigation agricole, l’arrosage de golf ou de jardins (usages réglementés en France) ou le nettoyage de voiries, le recyclage en eau de process pour l’industrie, etc.
Depuis le printemps 2022, La ferme de Gally dans les Yvelines bénéfice d’un partenariat avec la station d’épuration Carré de Réunion pour réutiliser les eaux usées traitées issues de celle-ci.
Pour rendre l’eau propre pour un usage agricole, des traitements supplémentaires viennent compléter les procédés classiques avant de la stocker dans le bassin de rétention de la ferme. L’eau alimente les cultures maraichères et arboricoles, elle est utilisée en goutte à goutte ou par un système d’aspersion qui crée un brouillard de protection lors des gels de printemps.
Foire aux questions
Dans le grand cycle de l’eau, “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Les masses globales d’eau sur la terre sont donc stables, mais les équilibres (voire les déséquilibres) évoluent.
Les impacts du dérèglement climatique sont les suivants :
- Moins d’eau douce en amont (dans les glaciers notamment) et plus d’eau salée (dans les océans en particulier).
- Moins d’eau souterraine et (car imperméabilisation, ruissellement, évapotranspiration...) et une plus d’eau dans les airs et rapidement acheminée, en surface, vers les océans.
- Une qualité d’eau qui se dégrade de l’amont vers l’aval.
Ainsi ce n’est pas l’eau dans son ensemble qui devient plus rare, mais l’eau douce de qualité, et en particulier l’eau douce stockée dans les glaciers et l’eau douce souterraine.
Dans un fonctionnement équilibré, le grand cycle de l’eau renouvèle naturellement l’ensemble des ressources en eau, avec des cycles rapides pour la plupart (eaux de surface, eaux souterraines superficielles, océans...) ou avec des cycles lents (glaciers, eaux souterraines profondes voire fossiles).
Ce renouvèlement naturel est atteint :
- pour les glaciers, par les températures élevées.
- pour les nappes souterraines fossiles, par un cycle de reconstitution beaucoup plus lent que le cycle de soutirage.
- pour les eaux souterraines de surface, pour les sources karstiques et pour les eaux de surface, par l’accélération du transfert des eaux douces continentales vers les océans.
Dans ce contexte, les eaux renouvelables sont :
- les eaux issues d’une économie circulaire : eaux issues de recyclages ou de la réutilisation des eaux usées traitées.
- Les eaux marines qui constituent 97% des réserves d’eau sur la terre et ne sont pas atteintes par le dérèglement. Leur mobilisation par le dessalement nécessite de maîtriser d’autres impacts comme la dépense d’énergie ou le rejet des saumures.